Pour les Canadiennes, la langue représente un obstacle à la réalisation d’un test de dépistage du cancer du col de l’utérus

Un nouveau rapport met en lumière les inégalités

Le Partenariat canadien contre le cancer a publié le Rapport de 2017 sur le rendement du système de lutte contre le cancer, qui souligne que la langue peut s’avérer un obstacle considérable à la réalisation d’un test de dépistage du cancer du col de l’utérus chez certains groupes de Canadiennes.

Les données montrent que les femmes âgées de 21 à 69 ans qui ne parlent ni l’anglais ni le français à la maison sont trois fois plus susceptibles de ne jamais avoir effectué de test Pap (environ 26 %), comparativement à celles qui parlent l’une des langues officielles (seulement 8 %).

Au Canada, environ 1 500 femmes reçoivent un diagnostic de cancer du col de l’utérus chaque année1. Pour dépister ce type de cancer, les tests Pap représentent une des méthodes les plus efficaces et sont couverts pour les femmes sexuellement actives âgées de 21 à 69 ans dans toutes les provinces et tous les territoires. Le taux de survie est de plus de 80 % si ce cancer est détecté au premier stade2 .

Santé Canada a fixé l’objectif de faire passer un test de dépistage à 80 % des femmes admissibles, mais, comme le rapport l’indique, cet objectif est atteint seulement chez les femmes dont la langue maternelle est l’anglais ou le français. Ces résultats laissent supposer qu’il existe au Canada des obstacles à la promotion des avantages du dépistage lorsqu’il s’agit d’aider à prévenir le développement du cancer du col de l’utérus. Ils indiquent également que des améliorations sont nécessaires afin que les immigrants aient accès à des renseignements sur le dépistage qui soient adaptés aux sensibilités culturelles et tiennent compte des obstacles linguistiques.

En plus de ces résultats, le rapport sur le rendement du système de lutte contre le cancer dresse un tableau de l’état actuel du système canadien de lutte contre le cancer en fonction d’indicateurs nationaux mesurant le rendement pour cinq thèmes principaux : la qualité des soins, l’équité en matière d’accès aux soins, la durabilité des ressources du système de santé, l’amélioration de l’expérience du patient et l’optimisation de l’impact des données.

Le rapport souligne également les défis à venir dans ces cinq domaines de la lutte contre le cancer au Canada ainsi que les écarts à combler pour aider les personnes prodiguant des soins liés au cancer à apporter des changements nécessaires et fondés sur des données probantes dans les provinces et les territoires.

Voici d’autres constatations clés du rapport

Qualité des soins liés au cancer

  • En raison de l’efficacité supérieure des traitements, de la meilleure adoption du dépistage et de la détection précoce ainsi que du déclin des taux d’incidence, les taux de mortalité normalisés selon l’âge ont diminué pour le cancer de la prostate, du sein et du poumon (chez les hommes), et pour le cancer colorectal.
  • Trois femmes sur dix ayant reçu un diagnostic de cancer infiltrant du col de l’utérus au Canada n’avaient pas subi de test Pap depuis au moins cinq ans.
  • Une proportion importante des Canadiens atteints d’un cancer du poumon ou d’un cancer colorectal reçoivent encore un diagnostic à un stade avancé, auquel les chances de guérison et de survie sont plus faibles.

Équité en matière d’accès aux soins

  • Les données montrent que les ménages dont les revenus sont faibles ont tendance à subir un fardeau plus lourd du cancer que les ménages aux revenus plus élevés (particulièrement pour le cancer du poumon et le cancer colorectal).
  • L’accès aux soins et l’issue des cancers peuvent varier selon le revenu, le lieu de résidence et le lieu de naissance.
  • Les populations au revenu le plus faible sont plus susceptibles de présenter un cancer du poumon et un cancer colorectal, mais c’est l’inverse en ce qui concerne le cancer du sein.

Amélioration de l’expérience du patient

  • À la suite des efforts concertés déployés par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux, la vaste majorité des Canadiens qui nécessitent une radiothérapie la reçoivent dans les délais appropriés, ce qui améliore l’expérience des patients et les résultats.
  • La plupart des patients atteints de cancer (près de 80 %) déclarent souffrir de douleurs, de fatigue, de dépression ou d’anxiété, ce qui peut exercer une influence sur leur qualité de vie et leur degré de satisfaction à l’égard des soins.
  • Deux tiers des patients atteints de cancer décèdent à l’hôpital, même s’ils sont nombreux à préférer décéder à domicile.

Durabilité des ressources du système de santé

  • Selon les données les plus récentes, le tabagisme (quotidien ou occasionnel) a baissé de huit points de pourcentage dans l’ensemble de la population. Si la tendance se maintient et que le Canada atteint le taux de tabagisme cible de 5 % d’ici 2035, cela fera économiser plus de 34 millions de dollars par année au système de santé.
  • Plus de 700 000 tests de dépistage du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus ont été effectués chaque année en dehors des groupes d’âge recommandés. Ces tests présentent souvent une utilité limitée et coûtent cher au système de santé.
  • En tenant compte de cinq pratiques de traitement, le nombre de patients atteints de cancer qui reçoivent des traitements dont l’utilité pourrait être limitée s’élève à 17 000 par année.

Optimisation de l’impact des données

  • Les données sur les populations sous-desservies, en particulier les peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis, ne sont pas recueillies de façon systématique, et les données sur les territoires sont également limitées, surtout en ce qui concerne le diagnostic et le traitement du cancer.

L’apport d’améliorations dans ces domaines de la lutte contre le cancer aidera à assurer un avenir dans lequel moins de Canadiens seront atteints d’un cancer et en mourront, et dans lequel la qualité de vie des personnes souffrant de cette maladie sera meilleure. Afin de mesurer les progrès réalisés dans ce sens, l’Initiative sur le rendement du système du Partenariat continuera à surveiller le rendement du système de lutte contre le cancer et à en rendre compte afin d’orienter la planification des services de lutte contre le cancer ainsi que les améliorations du système et des pratiques, et de promouvoir l’échange et l’adoption de pratiques exemplaires à l’échelle du pays.

Les données recueillies dans le cadre de la production du rapport proviennent de Statistique Canada, de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et de plusieurs organismes et programmes de lutte contre le cancer fédéraux, provinciaux et territoriaux ainsi que d’organismes de santé.

Pour consulter la version intégrale du Rapport de 2017 sur le rendement du système de lutte contre le cancer, veuillez cliquer ici : rendementdusysteme.ca.


Références

1 Société canadienne du cancer. (2016). Statistiques sur le cancer du col de l’utérus. Consulté le 13 juin 2017. Disponible à l’adresse :
http://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/cervical/statistics
2 Société canadienne du cancer. (2016). Statistiques de survie pour le cancer du col de l’utérus. Consulté le 16 juin 2017. Disponible à l’adresse :http://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/cervical/prognosis-and-survival/survival-statistics