Parcours de dépistage par test de détection du VPH et de suivi
Prélèvement d’échantillons en vue du dépistage primaire par test de détection du VPH
Au fur et à mesure de la mise en œuvre du dépistage primaire par test de détection du VPH, les territoires de compétence devront déterminer les modalités choisies, à savoir le prélèvement par un clinicien et/ou l’autoprélèvement (voir le tableau 1). On notera, dans ce cadre, que la recherche a montré que ces deux modalités constituaient, l’une comme l’autre, des méthodes de prélèvement précises et de grande qualité ayant permis d’obtenir des résultats similaires en matière de détection du VPH.1
L’autoprélèvement peut être effectué dans l’intimité du domicile ou au cabinet d’un clinicien et constitue une option efficace pouvant être envisagée dans le cadre d’une approche de dépistage primaire par test de détection du VPH. Il sera important pour les territoires de compétence de prendre soigneusement en considération les besoins de leur population ainsi que les ressources de suivi disponibles (par exemple la mise en relation avec les soins primaires et la colposcopie), afin de déterminer la méthode de prélèvement d’échantillon la plus appropriée. En vue d’assurer un accès plus large, il serait également possible d’envisager une approche à plusieurs volets.
Tableau 1 : Prélèvement de l’échantillon par un clinicien et autoprélèvement de l’échantillon
Prélèvement de l’échantillon par un clinicien
+ Offre la possibilité de prélever simultanément des échantillons pour les tests de détection du VPH et les tests cytologiques.
– Les personnes vivant dans des régions rurales ou éloignées, les personnes ayant des antécédents de traumatisme et les populations autochtones pourraient devoir faire face à des obstacles en matière d’accès2.
– Utilise plus de ressources en soins de santé.
Autoprélèvement de l’échantillon
+ Pourrait permettre d’améliorer la participation des personnes pour lesquelles le dépistage du cancer du col de l’utérus par l’intermédiaire d’un prélèvement effectué par un clinicien présente des obstacles.
– Les échantillons pourront être utilisés uniquement pour le test de détection du VPH. Le suivi des résultats positifs au test de détection du VPH nécessite la mise en relation avec un fournisseur de soins, ce qui pourrait constituer un obstacle pour les personnes qui n’ont pas de FSP ou qui ont des réticences à subir un examen.
Considérations relatives au prélèvement de l’échantillon par un clinicien
Recommandation : Élaborer des processus et créer des environnements culturellement sécurisants et tenant compte des traumatismes, pour aider les FSP à proposer à leurs patientes des méthodes de prélèvement sécurisantes et adaptées sur le plan culturel pour le dépistage primaire par test de détection du VPH.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- La prestation de soins sécurisants sur le plan culturel exige des FSS qu’ils intègrent dans leur pratique la sécurisation et l’humilité culturelles, en choisissant des lieux et des processus que les patientes concernées perçoivent comme sécurisants. Une formation sur le savoir-faire culturel est recommandée pour tous les FSS et pour l’ensemble du personnel interagissant avec les personnes qui accèdent au dépistage.
- Des champions ou des représentants communautaires, provenant de populations en quête d’équité, devraient être inclus dans l’élaboration de cette approche, afin de veiller à ce qu’elle soit appropriée et acceptable pour le groupe ciblé.
- Les cliniciens devraient être formés sur des approches visant à intégrer et à favoriser la prestation de soins tenant compte des traumatismes. Les participantes ayant déjà subi des traumatismes pourraient avoir des inquiétudes et des angoisses à l’idée de participer au dépistage du cancer du col de l’utérus.
Recommandation : Aider les FSP à éduquer leurs patientes relativement au processus de dépistage primaire par test de détection du VPH.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- Les FSP devraient être formés, afin d’être en mesure d’éduquer leurs patientes au sujet des prélèvements effectués par des cliniciens pour le dépistage primaire par test de détection du VPH.
- Les FSP devraient avoir accès aux antécédents de dépistage de leurs patientes, afin de pouvoir personnaliser cette formation et expliquer à celles ayant déjà subi un test Pap pour le dépistage du cancer du col de l’utérus toutes les différences avec un test de détection du VPH.
- Dans les territoires de compétence où l’autoprélèvement en vue d’un test de détection du VPH est également possible, les cliniciens et/ou les programmes de lutte contre le cancer devraient discuter des deux options avec les participantes, afin de déterminer leurs préférences.
Considérations relatives à la mise en œuvre de l’autoprélèvement en vue d’un test de détection du VPH
Recommandation : Aider les FSP à communiquer efficacement à leurs patientes les avantages, la sécurité et l’efficacité de l’autoprélèvement, ainsi que le processus utilisé.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- Les cliniciens devraient être dotés des moyens de mener des conversations personnalisées autour de l’autoprélèvement, afin de répondre aux préoccupations et aux questions de leurs patientes et de contribuer à ce que ces dernières se sentent plus à l’aise et plus en confiance à l’égard de ce processus.
- On donnera aux patientes des renseignements sur le fait que l’autoprélèvement n’était pas possible dans le cadre du dépistage primaire au moyen d’un test Pap, mais qu’il s’agit d’une nouvelle option qui peut être utilisée grâce à la mise en œuvre du dépistage primaire par test de détection du VPH.
- On clarifiera le processus d’autoprélèvement auprès des participantes, notamment en leur expliquant la façon dont elles recevront le test et devront effectuer et renvoyer le prélèvement (en mentionnant, s’il y a lieu, les renseignements postaux pertinents), en les informant des temps d’attente des résultats, de la signification éventuelle de ces derniers et des étapes suivantes possibles.
- Il sera particulièrement important de discuter avec les participantes de ce à quoi elles peuvent s’attendre dans le cas où elles recevraient un résultat positif au test de détection du VPH.
- Il conviendrait de mettre des ressources à la disposition des participantes, avant qu’elles n’effectuent un autoprélèvement pour le dépistage primaire par test de détection du VPH, qui devraient, si possible, inclure les coordonnées d’une personne-ressource principale susceptible de répondre à leurs questions à propos du processus ou des résultats du test, ce point étant particulièrement important lorsque l’autoprélèvement est effectué à domicile.
- Lorsqu’il s’agit de populations faisant l’objet d’un dépistage insuffisant, voire qui n’ont jamais subi de dépistage, l’offre de soutiens personnalisés supplémentaires pourrait améliorer la participation. L’Australie a, par exemple, accordé aux travailleurs de la santé du temps supplémentaire pour dialoguer avec les participantes, leur expliquer le processus de dépistage et assurer le suivi avec elles. Ce pays a également mis à la disposition de certaines participantes des moyens de transport afin de répondre à leurs besoins3.
Recommandation : Élaborer et mettre à la disposition des femmes des contenus, sous différents formats, visant à expliquer ce qu’est l’autoprélèvement et la façon de procéder, ainsi qu’à accroître leur confiance vis-à-vis de cette méthode et son acceptabilité.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- On pourrait mettre des contenus pédagogiques à la disposition des participantes par le biais de ressources en ligne, de brochures, de dépliants, de vidéos et d’instructions faciles à suivre avec des diagrammes. Le recours aux médias sociaux et aux codes QR permettrait de mobiliser encore davantage les populations plus jeunes. Il serait possible, par exemple, d’inclure dans les trousses d’autoprélèvement des codes QR renvoyant à des vidéos pédagogiques.
- On envisagera la possibilité de s’appuyer sur d’autres participantes formatrices appartenant au même groupe ou sur des championnes communautaires pour soutenir les femmes qui ont des questions, des préoccupations ou des appréhensions au sujet de l’autoprélèvement. On a constaté qu’une telle démarche favorisait l’acceptabilité au sein de ces groupes1.
- Afin de pérenniser ces postes, les territoires de compétence devraient envisager de rémunérer les personnes qui les occupent ou de leur offrir d’autres incitatifs.
À retenir : avantages de l’autoprélèvement
L’autoprélèvement pourrait s’avérer extrêmement utile dans diverses situations particulières, notamment lors d’une pandémie comme celle de la COVID-19. Il permet, en effet, le respect d’une distanciation physique pendant le dépistage et offre un moyen de fournir des services de santé importants, lorsque de nombreux autres services ont été suspendus1. L’autoprélèvement pourrait également constituer un moyen efficace et efficient de poursuivre le dépistage, tout en respectant les directives de santé publique liées à une pandémie.
On pourrait aussi généraliser cette approche de dépistage à d’autres situations dans le cadre desquelles les interactions en personne ou l’accès à un FSS sont difficiles, notamment lors de catastrophes naturelles, dans les régions rurales et éloignées et lors de crises dans le secteur des soins primaires.
Recommandation : Envisager une approche à plusieurs volets pour la distribution des trousses d’autoprélèvement.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- Dans la mesure du possible, on offrira aux participantes une certaine flexibilité, en fonction de leurs besoins, quant à l’endroit et à la manière dont elles pourront obtenir leurs trousses de prélèvement, et on veillera à ce que le processus choisi soit accessible aux différentes collectivités1. On pourra notamment envoyer les trousses par la poste ou les mettre à disposition des femmes dans des centres communautaires, des centres d’amitié ou des cabinets médicaux.
- Les territoires de compétence pourraient tirer des enseignements des expériences des programmes internationaux lorsqu’eux-mêmes planifient la distribution des trousses. Par exemple, en Australie, l’autoprélèvement ne prend place que dans un contexte clinique et cible essentiellement les populations faisant l’objet d’un dépistage insuffisant, tandis qu’aux Pays-Bas, la trousse est envoyée par la poste au domicile de chaque participante qui en fait la demande3.
- On notera que si l’on choisit l’envoi des trousses par la poste, une infrastructure est nécessaire pour consulter et tenir à jour les renseignements sur les adresses. Des systèmes de TI pourraient permettre aux territoires de compétence de suivre les changements d’adresse et de s’assurer de l’adéquation des envois par la poste en fonction de l’admissibilité des femmes3; ils devraient en outre veiller à la discrétion des emballages, afin de protéger la vie privée des destinataires et de réduire la stigmatisation1. Les participantes devraient se voir offrir la possibilité de remettre leur test, une fois l’autoprélèvement effectué, à leur FSS.
Recommandation : Tenir compte de l’acceptabilité de l’autoprélèvement pour les participantes et de leur expérience en matière de dispositifs d’autoprélèvement.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- Des données probantes montrent que l’autoprélèvement fait l’objet de taux d’acceptabilité élevés parmi les participantes, en particulier lorsqu’elles ont reçu la visite à domicile d’une personne travaillant dans le domaine de la santé1,4. Des activités de mobilisation communautaire auprès de différents groupes s’avéreront importantes pour comprendre l’acceptabilité des dispositifs d’autoprélèvement et fourniront également l’occasion aux FSS de répondre aux préoccupations des participantes concernant cette modalité.
- Les préoccupations individuelles exprimées par les femmes à propos de l’autoprélèvement sont souvent liées à la fiabilité du test et à un manque de confiance quant à leur capacité à prélever correctement un échantillon5; ces questionnements devraient être abordés par les FSS dans le cadre des communications avec les participantes.
- Il sera important de tenir compte des limitations physiques des participantes susceptibles de se répercuter sur leur confiance et sur leur capacité à prélever elles-mêmes un échantillon1, certains types d’emballages, comme les flacons à bouchon vissé destinés au renvoi des échantillons, pouvant s’avérer difficiles à manipuler pour certaines personnes à mobilité physique réduite1.
Recommandation : Les instructions d’utilisation et les contenus pédagogiques devraient être inclus dans la trousse d’autoprélèvement, et également accessibles en ligne ou sur d’autres plateformes.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- Des données probantes ont montré que deux minutes d’instructions verbales, étape par étape, suivies de vidéos, de communications et d’illustrations à l’appui suffisaient à expliquer aux participantes comment prélever, stocker et retourner un échantillon obtenu par autoprélèvement3,4.
- Les instructions d’utilisation et le matériel pédagogique devraient être brefs, utiliser un langage simple et inclure des instructions étape par étape sur la façon d’utiliser la trousse d’autoprélèvement, précisant notamment la manière de manipuler l’échantillon, de le stocker et de le renvoyer, ainsi que le processus de communication des résultats aux participantes.
- Les instructions et les contenus devraient comporter beaucoup d’illustrations et peu de texte.
- On personnalisera les trousses dans la mesure du possible, par exemple en remplissant à l’avance le formulaire de demande d’analyse en laboratoire et en étiquetant le dispositif de prélèvement au nom de la participante, afin de simplifier le renvoi des échantillons et de réduire au minimum les rejets pour des erreurs d’étiquetage.
- Les trousses devraient être conçues pour répondre aux besoins des différentes participantes, notamment en ce qui concerne la langue, les degrés d’alphabétisation et les exigences culturelles.
- On inclura dans les trousses des renseignements destinés à favoriser une prise de décision éclairée lors de l’autoprélèvement, en particulier lorsque l’on aura choisi une démarche d’envoi direct par la poste.
Recommandation : Expliquer clairement aux participantes les choix qui s’offrent à elles pour le retour des échantillons à traiter en laboratoire.
Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre :
- Les différentes options de retour des échantillons pourraient inclure des emballages à frais de port prépayés, le dépôt direct dans un laboratoire ou le dépôt à un autre endroit désigné (par exemple dans une clinique ou dans un centre d’amitié)3.
- Il conviendrait que les trousses incluent un emballage de retour prépayé facilitant le renvoi des échantillons et permettant ainsi d’accroître la participation1.
- Clark, M. et Horton, J. (2021). Self-sampling devices for HPV testing. Canadian Journal of Health Technologies, 1(12). https ://doi.org/10.51731/cjht.2021.229
- Access Alliance. (2022). Critical discussion report: Reducing inequities in cervical cancer screening among newcomer women via HPV self-sampling.
- Partenariat canadien contre le cancer. (2021). Analyse de l’environnement sur le dépistage primaire par détection du VPH et le suivi des résultats anormaux. [Consulté le 19 janvier 2022]. Disponible à l’adresse : https://dev.partnershipagainstcancer.ca/fr/topics/hpv-primary-screening-environmental-scan/.
- Pantano, N., Fregnani, J., Resende, J. et coll. (2020). Evaluation of human papillomavirus self-collection offered by community health workers at home visits among under-screened women in Brazil. Journal of Medical Screening, 28(2), 163-168. doi:10.1177/0969141320941056.
- Sultana, F., Mullins, R., English, D. R. et coll. (2015). Women’s experience with home-based self-sampling for human papillomavirus testing. BMC Cancer, 15(1). https://doi.org/10.1186/s12885-015-1804-x.